C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi-même – ne serait-ce que momentanément et provisoirement –, de se séparer du natal, du national et de ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerai errance” (Mizubayashi 107-108). Cet extrait de Petit éloge de l’errance de Akira Mizubayashi, écrivain japonais d'expression française, nous place d'emblée dans le thème du nomadisme intérieur, évoquant, de la sorte, son choix délibéré pour l'errance, à rebours de la société japonaise. Errance qui est appréhendée comme recul identitaire et questionnement, mais aussi comme découverte de la culture occidentale. Dans ses écrits, l'auteur montre son affection, son attachement à la langue, à la littérature et à la culture française mais il signale, également, la relation plurielle, multiculturelle complexe qui existe entre nation, langue et identité. Notre propos est de souligner combien un auteur comme Akira Mizubayashi, qui refuse le conformisme et condamne la société japonaise, s'approprie une nouvelle réalité, faisant sienne une langue et une culture qui ne véhicule pas les représentations auxquelles il avait échappé brisant, ainsi, comme il le souligne, “les verrous des identités asphyxiantes” (Mizubayashi 89).
It is this effort of voluntary absence, of voluntary uprooting, of active distancing compared to its environment which always appears natural, it is then the way to get away from oneself -even if for one moment or only temporarily-, to separate from the roots, the national and all of what is, more generally, fixed in a narrow identity, it is this and above all what I would call wandering" (Mizubayashi, Eloge 107-108). This extract from Petit eloge de I'errance from Akira Mizubayashi, a Japanese writer of French expression, places us at the center of the interior nomadism theme, evoking the deliberated choice for wandering, against Japanese society. Wandering which is understood as a decline in identity and questioning, but also as discovery of Western culture. In his writings, the author shows his affection, his attachment to the language, literature, and French culture but he also points out the complex multicultural and pluralist relationship which lies between nation, language and identity. Our purpose is to highlight how an author as Akira Mizubayashi, who refused the conformism and condemns the Japanese society, appropriates a new reality, endorsing a language and a culture that does not convey the representations to which he had escaped breaking, so as he points out, "the locks of asphyxiating identities" (Mizubayashi, Eloge 89)